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Imaginez-vous, le temps d'un instant, que ces personnages dépeints en chansons sont vos doubles, Démons traumatiques ou anges gardiens. Sans déni d'erreurs, sans rejet du doute, de la violence d'un coup porté ou reçu, vers la douceur d'une caresse déposée ou accueillie, cet univers poétique aux sonorités analgésiques supprime la sensibilité à la douleur en guérissant l'auditeur à grande dose d'espoir et de rêve. Une déconnexion ne considérant pas d'autre sens à la vie que celui que nous voulons bien lui donner.

Jusqu'ici, le groupe avait publié deux albums. Aucun des deux ne dépassait 30mn au chronomètre, à croire que pour ce power trio né dans les Yvelines tout n'était qu'empressement, urgence à faire rougir les fusibles et les potentiomètres, à surchauffer les planches et le carburateur du tour bus. Pour poursuivre l'aventure, il lui fallait juste trouver un bon guide. Proche depuis longtemps de Gaëtan Roussel pour avoir tourné avec Louise Attaque et Tarmac, le trio fait donc appel à celui qui a depuis gagné d'impressionnants galons de réalisateur tout terrain. Il a donc fait ici ce qu'il sait faire de mieux : ouvrir les espaces, stimuler leur désir joueur et préserver ce qui faisait leur sel initial en y ajoutant son grain de folie perso.

Après deux années passées à interrompre la course effrénée des voyageurs, Emji s'inscrit à la onzième saison de la Nouvelle Star. Dès ses premières prestations, elle impressionne par la maîtrise de ses réinterprétations des titres de Kate Bush, Blondie ou encore Sia. Survolant la compétition de sa voix puissante et cristalline, elle remporte la finale du télé-crochet et présente le titre Toboggan écrit par Jérôme Attal et arrangé par Mathias Malzieu (Dionysos). Son premier album, Folies douces, sort en 2016 chez Polydor et présente une pop ciselée. Pour ce second opus, elle a fait appel à Olivier Leducq producteur et réalisateur (Julien Doré, Big Flo & Oli, Louane... ) dont les influences urbaines lui apportent des sonorités plus actuelles tout en conservant ses qualités mélodiques inhérentes.

Dans cet album on retrouve l'écriture poétique et engagée de Christian Olivier mais aussi une rythmique inédite chez cette formation.

Il y a des artistes qui se contentent de chanter qu'ils sont révoltés, d'autres qui incarnent la révolution de toute leur âme, Melissmell, serait plutôt de la deuxième catégorie. En 2011, elle appelait déjà Aux armes dans son album coute s'il pleut, puis continue sa route avec Droit dans la gueule du loup qui se succèdera d'une superbe tournée et d'un Trianon à guichets fermés. Avec une poésie ciselée, elle reconstruit un univers proche des contes surnaturels de Maupassant, où les plumes soufflées par de grands auteurs comme Jacques Brel ou Jean Fauque se plantent sur le dos de l'animal indomptable qu'est le rock contestataire des origines.

Le disque est à son image : sans concession, passionné, politique. et avec ce point de vue unique qui fait la différence. Cali fait du Cali, sauf qu'il change et sa musique avec lui. Comme toujours, ce sont ses émotions qui décident.(Eric Nahon/Longueur d'Ondes n°43)